Le goût amer de la défaite
Edelbach, Allemagne, le 12 juillet 1940
Je n'ai pas très bien compris comment cela s'est fait. Il est de certains miracles très naturels, je veux dire très faciles, à accepter. Je pense souvent à celui-là. Je m'attendrais, je souris, je m'étire.
Comme les plus profonds tourments pâlissent vite ! Il y a quelques temps je ne désirais plus rien. Nous étions quelques uns ainsi. Nous ne parvenions à voir devant nous rien qu'un abîme. Comme cela semble étrange aujourd'hui, où j'ai tant de motifs d'espérer !
Dans ce mess hétéroclite, où le désastre avait rassemblé une douzaine d'officiers et de sous officiers venus de toutes parts, sans point commun sinon celui d'avoir échoué, chacun était avant tout préoccupé de soi. Aujourd'hui, je sais bien que je manquais de sagacité. Car ce mess était à l'image de la France
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